Quel autre moteur que la foi?

Ma tendre et chère est une fervente catholique, je suis pour ma part athée comme les pierres.

Pourtant nous partageons profondément les même valeurs. Ce que j’ai crains un temps d’être un soucis ne l’est pas. Finalement c’est assez logique puisque je suis d’une exigence maladive en terme de moralité, et pour ma belle, c’est justement l’expression même de sa foi que d’être intègre. Et j’aime cela plus que tout autre chose.

Elevé chez les frères, je précise que j’ai été croyant, je connais bien la maison. J’assume d’ailleurs pleinement l’empreinte sur mon système de valeurs actuel: moi Jesus je l’aime toujours bien finalement, mais d’un point de vue politique, pas théologique.

Récemment ma femme a organisé une levée de fond une récolte de dons pour son association caritative et nous nous sommes amusés de voir que les 2 premières oboles sont venues d’amies musulmanes. L’image était belle. Mais au delà de cela, il me semble intéressant de noter que ces 2 dons procédaient de l’aboutissement d’une directive religieuse. L’une pour urgence à s’acquitter d’un devoir de don en fin de ramadan (ou un truc du genre, je suis pas expert), l’autre pour reverser des bénéfices acquis sur un compte bancaire, ce qui m’a beaucoup touché: le fruit de l’usure serait interdit au musulman, chose que j’ai relu récemment à propos de la polémique sur l’entrée des banques islamiques en terre de CAC40. Encore une fois je ne suis pas expert, et ce n’est pas mon sujet.

Tout cela pour porter la réflexion sur la ferveur religieuse. Ces amies, avec toute l’affection que j’ai pour elles, ne me semblent pas plus généreuses que les autres, simplement elles suivent plus précisément les préceptes de leur culte. C’est je crois un aspect important de certains réflexes de repli dans nos sociétés occidentales: ils nous renvoient l’image d’une société qui était la notre il y a peu, je veux dire où le religieux était ancré dans les comportements sociaux, toutes classes confondues. Bien sur dans ce rejet des musulmans par certains il y a évidemment le racisme classique, pandémique: la peur ou simplement le refus de l’autre.

Mais il y a aussi quelque chose de spécifique aux musulmans: ils ne sont pas chrétiens 🙂

Oui, bon, je développe. Les précédentes vagues d’immigrations, pas que je sois non plus expert en la matière, mais il me semble que pour beaucoup, si elles ont subi le même racisme crétin, n’ont pas eu à se heurter à la problématique des lieux de cultes. Les italiens, les portugais, les africains de nos ex colonies autres que dans le Maghreb étaient soit chrétiens, donc dans le « moule », soit en position de soumission, donc on ne les entendait pas.

La société française est imprégnée de chrétienté, mais la religion est globalement moribonde. Pour beaucoup ce n’est plus une religion, mais cela reste une tradition. Je le savais avant, mais pour avoir suivi ces dernières années quelques parcours religieux par amour pour ma belle, je peux témoigner que nombre de français se comportent comme des gougnafiers avec l’Eglise. Oui Monsieur, des gougnafiers! 🙂
Mariage à l’église pour la photo sur les marches, étonnement à une préparation de baptême parce que le curé refuse un parrain musulman. MDR comme dirait l’autre. On utilise l’Eglise comme un service publique. Oui mais voilà mon bonhomme, Monsieur le Curé n’est pas un fonctionnaire et souvent il le fait savoir. Et c’est bien la moindre des choses, non mais sans blagues! 🙂

Il me semble que les musulmans que je connais sont globalement nettement plus pratiquants et convaincus dans leur sentiment religieux. Je ne prétends pas avoir la vérité sur le sujet, ce n’est que le ressenti compilé de mes 40 dernières années de vie.

Hors en France on se vante d’avoir mater le clergé, tradition révolutionnaire oblige, alors voir arriver des peuples à la ferveur religieuse plus marquée, ferveur qui pour nous date de quelques dizaines d’années, et bien on a du mal à gérer. Surtout qu’à cela vient s’ajouter la visibilité de ces minorités, tout ceci fait une soupe indigeste qui abouti à tant de dérapages.

En ce qui me concerne, et pour justifier un peu mon titre, je ne regrette qu’une chose: la foi est un moteur formidable. Je ne trouve pas comment le remplacer pour motiver les foules à plus de morale, d’intégrité, de générosité, et donc de justice. Des idées politiques on en a tous, mais il nous manque un ciment. Bien sûr il y a des gens formidables partout, c’est même mon credo, mais il est si complexe aujourd’hui de fédérer les bonnes énergies. Pardon à mes amis croyants, mais la religion a quelque chose de simple, je veux dire dans la mobilisation. On dit que « la foi déplace des montagnes », je ne vois pas de moteur équivalent pour les troupes progressistes athées. 😉

Dans un camps comme dans l’autre, croyants ou hérétiques 😉 , l’excès de ferveur mène parfois à des horreurs dictatoriales et (donc) criminelles. Je cherche le moteur puissant et modéré. Pas facile. Mais je ne lâcherai pas l’affaire 🙂