C’est une question qui se pose de plus en plus: Internet se démocratise, ça fait longtemps que nous ne sommes plus juste entre geeks (et tant mieux), que devient le pseudo, l’avatar? Quelle place pour l’anonymat? Nul doute qu’on va beaucoup en causer puisque les grands comme Facebook et surtout Google se mettent à prôner la fin de l’anonymat.
Mon feeling très perso en quelques mots: c’est compliqué.
Je suis un extrémiste de la transparence, en ce sens j’ai déjà fait un plaidoyer contre l’anonymat.
Pour autant, j’y mets une nuance majeure: je ne demande certainement pas la disparition de l’anonymat sur Internet. Que dans les espaces publiques on devienne de plus en plus engagé personnellement civilise sans aucun doute les échanges. En ce sens que des plateformes privées comme Google+ et Facebook en vienne à exiger des identités réelles ne me choque pas.
Mais Internet c’est bien plus que ça. Quand on en vient aux dures réalités politiques et aux peuples opprimés, ces discussions n’ont évidemment plus aucun sens.
Et même dans les pays démocratiques, qu’un syndicaliste ou un avocat célèbre publient sous pseudonyme, quoi de plus légitime et nécessaire, d’autant que l’anonymat n’est que de façade, en cas de soucis juridique, ils sont responsables.
Donc en résumé, je suis pour favoriser les vrais profils, et même les vraies photos (t’es tellement beau 🙂 ), mais les « zones libres » doivent évidemment perdurer.
Et elle perdureront, je n’ai pas de doute la-dessus.
Nous sommes plus forts que tout 🙂 #globalbrain
photo prise ici
#1 par Melodie68 le août 1, 2011 - 10:14
c’est un vaste sujet !! bonne semaine à toi
#2 par Ephemere le août 1, 2011 - 10:21
Je suis anonyme.
Je n’ai pas d’autres noms que celui que je me suis donné.
Et pourtant, sur la toile, je suis clairement identifié comme « Enkimy Sumerii ».
Y a t’il un mal à vouloir différencier ce qui se passe sur le net de ce qu’il se passe dans sa vie?
Pourquoi devrais-je tomber le masque? Mon identité virtuelle n’a, à mon gout, pas moins de valeur que mon identité réelle.
#3 par jcfrog le août 1, 2011 - 10:30
oui je comprends, et c’est pour ça que je ne souhait pas que ce soit interdit, chacun est libre
Simplement moi à titre personnel je préférerais largement que tu sois une personne plutôt que cet avatar et ce pseudo que je ne connais pas.
#4 par Lemeb le août 1, 2011 - 10:57
On peut aussi de cacher derrière un pseudo parce qu’on est mineur… Et qu’on veut pas, par exemple, qu’on sache où l’on habite.
#5 par Enkimy le août 1, 2011 - 5:52
Parce que tu connaitras mieux mon prénom / nom ? 🙂
Je ne penses pas. La seule chose que tu pourrais trouver, c’est mon CV, perdu au milieu de dizaines d’homonymes.
Enkimy, lui, est unique (D’ailleurs, il faut que je change mon nom Twitter !). Recherche-le sur Google, tu auras mes passions, tu trouveras mes trolls, tu pourras te faire une idée de moi.
Le pseudonyme, ce n’est pas de l’anonymat.
Le pseudonyme, c’est juste une seconde identité 🙂
Le pseudonyme, ce n’est pas de l’anonymat.
#6 par lonewaer le août 1, 2011 - 11:33
Moi j’ai un petit souci avec le non-anonymat sur internet, et c’est un avis très personnel du fait de ce qui m’est arrivé, bien que partageable par d’autres :
Le flicage. Sur Twitter, j’ai été une personne, avec un prénom, un nom, et une photo. J’ai existé en tant que personne, et ça n’a pas plus, j’ai perdu un job à cause de ça. Depuis, mon Twitter est uniquement un pseudo, mon avatar n’est plus une photo de moi mais une illustration sans rapport avec moi. Je continue à Twitter. Sur Google plus, j’existe, mais, je poste peu ou pas, je n’y ai pas lié mon compte Twitter, et n’ai pas l’intention de le faire. Sur Facebook, j’existe toujours, je reste à l’écoute, mais idem, je ne poste que très très peu, et je vérifie régulièrement que mes paramètres de confidentialité n’aient pas été inopinément changés. J’ai contacté 123people pour ne plus apparaître chez eux, je n’apparais plus chez eux (c’était très rapide, merci à eux). Il ne reste que peu de sites dont j’ai connaissance/souvenir de ma présence en tant que personne, sur lesquels je dois encore travailler à ma disparition.
Qu’on ne se trompe pas : je n’aurais rien de particulier contre le non-anonymat si derrière on était sûr de ne pas avoir affaire à des voyous qui préfèrent claquer un salaire pour qu’une personne en surveille cinquante autres. Qui préfèrent payer Facebook pour avoir des informations, plutôt que d’augmenter des salariés qui se révèlent efficaces. Qui préfèrent laisser filer des informations personnelles contre de l’argent. Or, c’est le cas.
Si notre personne sort des gonds de la société, sans être hypocrite, elle est punie (= j’ai perdu un job, je ne suis ni le premier ni le dernier). Tant que ça sera le cas, je serai pour l’anonymat, et par extension, jusqu’à maintenant j’ai soutenu chacune des actions d’anonymous. Dans le fond, c’est eux qui ont raison, et je suis convaincu de ça. Maintenant, ça serait bien que l’on n’ait pas à se cacher derrière un pseudo, un avatar. Mais tant que derrière on aura affaire à des ordures, on ne pourra pas s’en passer.
Là je me dis que j’aurais bien besoin d’un site perso, avec mon cv dessus, avec un module de blog éventuellement, etc. Et je suis plutôt embêté, parce que sur un site pro, j’y mets mes informations personnelles, pour trouver du travail, donc, mais si je dis ce que je pense, j’en ai eu la preuve en avril, je me fais virer. Il me faudrait donc un site pro et un site perso. Du coup, je prends mon temps et j’y réfléchis, à cause de ça ; je suis devenu parano.
Après, je suis bien conscient que ça relève d’un problème qui va plus loin que les internets. Politique, économique, moral apparemment.
#7 par jcfrog le août 1, 2011 - 12:29
oui c’est sûr, il faut pouvoir assumer tout ce qu’on poste, où qu’on le fasse. Ce n’est pas le cas de tout le monde, j’en ai bien conscience, mais c’est un objectif. Bien sûr il faut être prudent, je ne cesse de le répéter: https://jeromechoain.wordpress.com/2009/07/29/revelation-ecole-de-la-vie-2-0/
#8 par lonewaer le août 1, 2011 - 3:54
J’ai assumé, sauf que maintenant j’ai plus de job. Ceci étant, suivant déjà depuis quelques années le logigramme de cette infographie (comme beaucoup de monde j’imagine), je suis aussi convaincu de n’avoir rien dit de préjudiciable (je n’aurais pas posté sinon), c’était un licenciement abusif, au pire j’ai enfoncé une porte ouverte, m’enfin là n’est pas le sujet.
Donc maintenant j’ai plusieurs solutions :
– je reste intègre ET transparent, et dans ce cas je retarde d’autant ma prise d’expérience en entreprise, et ça, rien que pour mon bien-être personnel, je ne peux pas (et je ne veux pas).
– je la ferme, et je peux retrouver du travail, si les employeurs veulent bien investir dans moi, mais dans ce cas là je deviens hypocrite comme une bonne partie de la population. C’est une possibilité qui me gêne un peu je dois dire.
– ou bien, et c’est là que l’anonymat fait son apparition et a son importance, je reste intègre sous couvert d’anonymat le temps de me faire de l’expérience. Là est le problème : se faire licencier, c’est toujours désagréable, certes ; quand on peut retrouver facilement du travail derrière, ça passe, mais quand c’est déjà difficile, on ne peut pas assumer publiquement des propos qui nous mettent en plus des bâtons dans les roues. On voudrait bien, mais on n’peut point.
À l’avenir, je serai donc publiquement hypocrite et anonymement intègre, jusqu’à ce que je puisse me permettre d’être publiquement intègre comme tu l’es. C’est effectivement un objectif, tu as parfaitement raison. Pouvoir se dire : « qu’ils me virent si ça leur chante, ils y perdent plus qu’ils y gagnent, vue ma valeur ajoutée ». Mais ça, quand on est juste diplômé, sans expérience, et biennn…
En attendant, l’anonymat, même s’il ne me protège pas totalement, rendra la tâche plus difficile, plus longue, et surtout, je l’espère, plus coûteuse aux chasseurs de têtes, qui ne devraient pas avoir lieu d’être (c’est une sorte de régulation du net).
#9 par jcfrog le août 1, 2011 - 4:06
je ferai comme toi, si vraiment tu ne peux pas t’exprimer publiquement et que ça met ton boulot en péril, je comprends très bien.
mais pour info ce n’est pas facile pour moi non plus de trouver du boulot, et à 43 piges avec femme, enfants et crédits c’est parfois plus flippant que quand on est jeune diplomé 😉
#10 par lonewaer le août 1, 2011 - 4:26
C’est vrai que je n’ai pas, par contre, cette limite, je ne suis pas posé ; après je suis peut-être dans le faux, mais quand je vois toutes ces offres pour ingénieurs et personnes expérimentées, j’ai tendance à penser que c’est plus simple (globalement on ne me reproche pas mon manque de diplômes, mais mon manque d’expérience). Et puis bon, la Bretagne, j’imagine que c’est moins fourni que la région parisienne niveau boulot, pour tout le monde ^^ »
#11 par JeffRenault le août 1, 2011 - 12:14
Avec l’arrivée de G , j’ai pensé à mes amis tunisiens et me suis fait la réflexion que G n’aurait pas été très utile pendant la Révolution 😉
Je préfère comme toi que les gens avancent à « visage découvert », et constate que souvent l’anonymat favorise des prises de positions excessives ou autres exutoires.
Mais l’anonymat est, en certains lieux, certains moments et en certaines circonstances, vital et recommandable.
#12 par jcfrog le août 1, 2011 - 12:29
oui c’est le problème, on voit mal une Révolution+ 😉
#13 par JeffRenault le août 1, 2011 - 7:20
😉
#14 par Otyugh le août 1, 2011 - 3:16
Internet, c’est une idéologie de liberté et de partage. Une des libertés qui me semblent fondamentales, c’est de pouvoir choisir ce qu’on veut partager. Je ne veux peut-être pas partager mon nom et permettre qu’on me trace pour de la publicité/pour que les gens me retrouvent/etc.
La fin d’anonymat sur internet, c’est la fin d’internet, qui devient minitel. Minitel à cause de Google, de facebook, de twitter… C’est triste. Je préférais l’idéalisme d’hippies aux firmes internationales; mais il semble que vous ayez fait votre choix, non ? Le plus pratique en avant, qu’importe nos libertés. Si elle ne sont pas monnayables, elle n’ont pas d’intérêt, c’est le capitalisme. Et la fin d’internet.
#15 par jcfrog le août 1, 2011 - 3:25
ce n’est pas de tout ce que j’ai dit 🙂
et puis encore une fois facebook et google ne sont pas tout l’internet.
Pour ce qui est du capitalisme, la fin d’internet, la fin des libertés, pardon mais c’est un peu tarte à la crème pour moi. On annonce toujours la fin de tout, je crois que plus personne ne peut dompter internet.
#16 par Paille le août 1, 2011 - 3:37
Moi c’est Paille que ce soit irl ou sur le net….
Si je mets mon vrai nom personne me retrouve (sauf ma môman & mon pôpa)
Mes amis, employeurs, collègues m’appellent Paille.
Comme tu le dis chacun son choix, mais surtout ce n’est pas parce que l’on a un pseudo qu’on est pédophile ou mal intentionné….
#17 par jcfrog le août 1, 2011 - 3:40
certes
#18 par Otyugh le août 1, 2011 - 3:44
« facebook et google ne sont pas tout l’internet. » C’est vrai pour l’initié. Nous ne sommes pas majorité à le savoir. Bon nombre pensent que Google « est » ce qui livre internet. Et beaucoup n’utilisent le réseau que pour Facebook ou twitter. A mon sens, c’est l’amorce de la fin d’internet ; celle de la diversité ou tous hebergaient leur petits bout d’internet à partager en égal avec les autres, sans lien avec des multinationales ou l’argent. Cette époque est plus ou moins révolue, et ça se centralise de plus en plus. Ça ne se nie pas, je pense. Tu heberges bien tes vidéos sur youtube ? Ce n’est pas vraiment faire usage d’internet. Ce n’est pas l’esprit, je pense. (désolé de paraître si extremiste ^^)
En effet, c’est l’effet tarte à la crème. On crie au loup, et personne n’y croit. Pourtant il ne me semble pas sous entendre que ça arrivera « demain ». Non, ça va s’imposer avec du temps, et s’il n’y a personne pour reprendre les anciens idéaux d’internet, hé bien. Hé bien on aura tous un compte Google+, une base de donnée bien fournie avec nos noms et nos données privées. What else ?
La centralisation va à l’encontre d’internet ; c’est tout ce que je voulais dire. Je ne dis pas que la capitalisme est mal, mais il entraîne ce genre d’effets, dont je ne suis pas fan personnellement.
#19 par jcfrog le août 1, 2011 - 3:58
ceux qui ne connaissent que facebook ne sont pas à mon avis ceux qui s’inquiètent pour le combat syndicaliste.
quand tu as besoin d’anonymat, hier comme demain, le dernier media à utiliser c’est FB, et même les non geeks le savent.
à l’inverse des gens courageux ont utilisé leur identité pour cautionner et porter les printemps arabes ( par exemple http://fr.wikipedia.org/wiki/Wael_Ghonim) . Ce fut au moins aussi efficace que tous les comptes twitter qui devaient rester anonymes et dont il était parfois difficile de faire le tri.
FB et G+ permettront demain encore de faire circuler les infos, parce qu’ils s’écrouleront s’il se vendent. Ils ne sont pas immuables.
On pensait FB indétrônable pour 10 ans il y a encore à peine 1 mois.
Mon exposition volontaire n’a rien à voir avec mon intérêt pour le respect des libertés, c’est une confusion.
Je suis libre, un compte FB ou G+ c’est queudale, on est au dessus de ça non? 😉
#20 par Otyugh le août 1, 2011 - 4:17
Ne le prends pas mal, mais je pense que tu places trop de confiance dans l’humanité !
Facebook s’est déjà vendu quantité de fois, et il a continué a être populaire. Je suis d’accord qu’aucun règne n’est indétrônable. D’ailleurs, c’est une constante en matière de règne virtuelles.
Pourtant il demeure qu’une « plateforme dominante » est la constante, et que la tentative de réseaux sociaux décentralisés sont pour l’instant des echecs, non ?
A mon avis, tes actions sont bonnes, mais tu fais l’erreur (comme nous tous) d’utiliser les mauvais moyens. Utiliser le biais d’une société amorale comme outil de la liberté ; j’ai comme un doute. Certes ils sont obligé de rester relativement corrects, certes ils font quelques coups d’éclats pour une image de « chevalier blanc du net », mais il demeure que le maître mot n’est pas morale, mais profit. Et franchement, ce n’est pas à eux qu’on devrait donner nos secrets et nos combats idéologiques d’un point de vu cohérent. Si google passait en .org et pronait la liberté avant le profit, je serais le premier a me battre pour obtenir un compte google+…
#21 par jcfrog le août 1, 2011 - 5:54
le jour ou il faudra que je n’utilise que les services d’une boite « morale », vu mes exigences dans le domaine, je peux aller vivre dans la foret 🙂
Google est une boite privée qui me propose des services que je trouve très bien, je crois avoir une idée moi aussi de ce que ça leur apporte, tant qu’il ne sont pas directement impliqués dans la prostitution et la vente d’armes je ferai avec.
J’ai besoin de services efficaces, je ne crois pas aux trucs distribués et moraux #diaspora
#22 par Otyugh le août 2, 2011 - 1:24
C’est certain. La majorité du monde fait passer la qualité du produit avant sa qualité moral (et c’est pas près de changer). Cependant je m’étonne que quelqu’un d’aussi activiste que toi sorte « Google+ faut en manger » (j’ai cru le comprendre).
Facebook me faisait ricaner, Google+ me fait peur. On donnait déjà notre vie privée par le biais de son moteur de recherche, et là ; il veut carrément nos noms en clair et des détails. Je m’étonne qu’un homme saint d’esprit soit enthousiaste.
Comme le dit Bayart B. :’Pour le moment, Google se comporte relativement bien en terme de respect des libertés, mais il n’y a aucune raison que ça dure – donc ça ne durera pas. »
Je n’ai aucun argument pour dire qu’il ait tort. J’ai du mal à croire que tous les technophiles que je connaît n’ont pas le sentiment de promouvoir un désastre citoyen à venir en acclamant le nouveau google+.
#23 par jcfrog le août 2, 2011 - 6:22
c’est là ou je ne suis pas d’accord: évidemment que Google a une raison pour que ça dure, l’adhésion.
le jour ou Google te trahis, il plonge.
#24 par Otyugh le août 2, 2011 - 11:34
Mhm. Facebook a déjà trahi ce me semble, ça n’a pas vraiment terni son image auprès de la majorité. Puis google scanne déjà vos mails privés de gmail pour y accorder une publicité. Google met également vos mails à accès publiques pour les spammers (cf: article de Korben).
D’accord, ce n’est rien ; pour l’instant. Je ne suis pas d’accord pour qu’une société privée, quelle qu’elle soit, passe un couteau autour de ma gorge. Ce n’est pas confortable.
Puis il y a les soucis des fuites. Imaginons l’improbable et que « Google sont des putains d’humanistes, et abandonnent l’optique de se faire des milliards pour les beaux yeux des utili… Consommateurs » 😉
Ben même ça, il y aura forcément quelques états trop peu démocratiques pour en profiter, ou un technicien infiltré pour soutirer les données de… Qui il veut. Parce que si l’engouement continue, tout le monde sera Googleplus, je crois.
Pour les états peu démocratiques, je me porte sur des exemples historiques de faits, et quand au technicien qui en profite… Ben y a déjà des exemples qu’il suffit de « googliser », non ?
#25 par Otyugh le août 1, 2011 - 4:25
(quant à revenir sur l’anonymat ; il y a une époque (à 13 ans) ou j’ai eu un débat sur la comparaison des pratiques des champs de concentration à ce qui se faisait dans les batteries d’animaux (reportage Earthlings a voir de tout urgence au passage :P). Hé bien, je suis bien content de ne pas avoir porté le débat sous l’identité d’Otyugh. Je sais très bien que je n’aurais jamais pu mettre le sujet sur la table avec autant de franchise ou sans casser ma faible capacité sociale à jamais. Il y a des tabous, et l’anonymat permet de les surpasser, car on a pas à craindre de coups pour ses idées, débiles ou non.)
#26 par Otyugh le août 1, 2011 - 5:30
(je viens de découvrir le pannel « répondre », je suis penaud T_T)
#27 par jcfrog le août 1, 2011 - 5:40
oh bah c’est pas grave parce que les décalages sont vite trop conséquents 😉
#28 par Peter C. Host le août 1, 2011 - 8:50
Bonjour la tartine (désolé), mais c’est un sujet trop important pour ne pas expliciter quelques enjeux
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Point1 : L’anonymat n’est pas juste une commodité d’internet, et son enjeu est énorme.
Nos votes aux élections sont anonymes. Pourquoi ? Pour de bonnes raisons, certainement. Un syndicat va négocier avec le patronat de manière collective en garantissant l’anonymat d’un donneur d’alerte dans les cas graves. Tout journaliste qui se respecte protège l’anonymat de ses sources quand celles ci le demandent. Sans le degré d’anonymat que garantit wikileaks, nous n’aurions jamais eu les preuves tangibles (celles qui peuvent rentrer dans les livres d’histoire) des atrocités commises par l’armée US en Irak et ailleurs (cf. http://www.collateralmurder.com/ pour une entrée en matière, en live, avec soldats shootant journalistes et enfants d’un hélicoptère apache). Le présumé fournisseur des sources du cablegate d’irak, Bradley Mannings, a passé des vacances instructives à Guatanamo. Et personnellement, qu’on aime Assange ou qu’on ait envie de l’assassiner comme l’a déclaré publiquement Tom Flanagan, ancient adjoint du Premier Ministre canadien, je pense que nous avons un droit de savoir dès qu’il s’agit d’agissements inqualifiables (bafouant tous les points de la déclaration universelle des droits de l’homme). Un donneur d’alerte chinois a tout intérêt de parvenir à être anonyme s’il veut survivre. Et allez savoir si l’un d’entre eux ne fera pas un jour fuiter une information géopolitique fondamentale.
Être contre l’anonymat peut être vu, aussi, comme un luxe de pays démocratiques. Et vu qu’il n’y en a pas encore sur terre, (cf. http://www.dailymotion.com/video/xiyzhh_etienne-chouard-conference-le-tirage-au-sort-comme-bombe-politiquement-durable-contre-l-oligarchie_news), on a à mon sens tout intérêt à être prudent avant de l’abandonner.
Le cousin de l’anonymat, c’est aussi le fameux « respect de la vie privée ». On aime tous jouir de ce respect là. Les deux entretiennent des relations pas triviales du tout (cf. points suivants)
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Point 2 : Google pousse (de la bouche de son CEO cette année) à l’abandon de l’anonymat sur internet. Le même CEO (dans une interview qu’il faut que je retrouve) dit en résumé que vu la masse d’informations que google recueille via ses databanks, il leur est dorénavant possible de corréler les dires d’une personne anonyme pour peu qu’elle ait laissé suffisamment de traces sur la toile, voire de l’identifier formellement. C’est en tout cas l’argument annoncé en faveur d’un abandon de l’anonymat. « Ca ne sert plus à rien »
Le but de google est évident : pourquoi Apple a gagné la bataille des dévelopeurs d’ « apps mobiles » ? Parce qu’ils ont plusieurs centaines de millions de cartes bleues enregistrées sur leur plateforme commerciale. Identité garantie. Un aimant à investisseurs. Google veut la même chose, FB aussi (et FB en est plus près que Google).
Mais GG et FB sont surtout dans le marché de l’information. Les données agrégées qu’ils recueillent ne se vendent pas à bas prix. Une base de données bien structurée corrélant « ethnicité », « âge », « lieu de vie », « niveau d’études », « habitudes sexuelles », « job », « derniers achats triviaux », « temps moyen de connection sur un site d’info »,… à des individus géolocalisés, c’est déjà une arme de marketing tellement puissante que cela devrait être illégal. N’oublions pas que des organismes comme la CNIL nous protègent. Que peut la CNIL contre une analyse statistique multivariée de Google ou FB ? Rien. Et on voudrait en plus leur permettre d’avoir accès à nos données biométriques ?
Enfin, les relations qu’entretient Google avec le gouvernement américain ne sont pas du tout claires. Ce n’est pas ‘complètement’ pour rien que tous les CEO de boites françaises que je connais (pas des milliers, mais quelques uns) refusent un compte professionnel Google apps, mais préfèrent un serveur exchange hébergé par leurs soins.
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Conclusion 1 : que Google et d’autres mégafirmes poussent à l’abandon de l’anonymat, pourquoi pas sur leurs plateformes fermées. Dans le cas de FB, cela ne me pose pas de problème. FB ne participe pas à l’internet (pas plus qu’une page en HTTPS faisant tourner un script de connection à votre banque). En ce qui concerne l’internet informationnel, l’internet ‘média’, l’interconnection de serveurs de pages web via le système de DNS, je ne vois aucune bonne raison de se priver de sinon de l’anonymat, du moins de la protection de nos données personnelles.
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Conclusion2 : je n’utilise pas de compte anonyme sur twitter, mais je n’y dis pas grand chose de réellement subversif (genre : tiens, voilà une vidéo qu’on m’a filé de xxxxx butant yyyyy). Je n’ai pas de patron, je suis freelance. Maintenant, je n’ai pas DU TOUT envie que google, amazon, ou mon site de cul/WoW/poker préféré (vous me suivez) aient en plus de mon adresse IP, capacité à recouper ces informations et obtenir mon adresse postale, la liste des 10 derniers bouquins anars que j’ai achetés, le prénom de ma fille et l’adresse de son école,… Tout d’abord parce que la dernière instance à laquelle je confierai ces informations est une firme privée. Mais encore plus parce que hacker un serveur c’est à la porté de tout informaticien bien décidé et que ces informations numériques ne sont en sécurité NULLE PART et ne LE SERONT JAMAIS. Ca aussi, il est temps de le piger : la numérisation est incompatible avec l’anonymat et la protection de la vie privée. Point bare. De plus, les vrais criminels de l’internet, ceux qui utilisent l’anonymat à des fins de piratage bancaires (par ex) savent parfaitement se protéger, eux. Tu enchaînes 100 proxys Socks, plus un petit coup de réseau TOR (je cite ce nom parce que celui là est bien connu), plus un petit relai par 25 freebox/… mal protégées,… L’anonymat sera toujours accessible aux High Tech. Il n’y a non plus rien à faire pour empêcher cela. Pour pirater une ligne téléphone, il suffit de brancher un terminal sur votre paire de cuivre. Bref…
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Conclusion3 : si je trouve que « grosnichons78 » parle super bien de la façon dont il faut planter un chou chinoix, ou « memepasc4p_27 » écrit des choses intéressantes sur les dessous de Fukushima, cela ne me gène pas de me dire qu’il est anonyme. Je n’accorderai pas le même crédit à ses informations, par exemples qu’à celles que vous fournissez sur votre blog, mais cela ne rend pas ses réflexions moins intéressantes.
En bref, je suis totalement pour cet anonymat qui est la protection à priori de l’identité, avec bien évidemment rupture du principe dès lors qu’il y a crime commis selon la juridiction du pays d’où opère l’anonyme.
#29 par jcfrog le août 2, 2011 - 6:36
oui, en gros je suis d’accord sur presque tout.
surtout sur le fait que le vrai anonymat n’est possible que pour infime poignée de super pros.
c’est pour ça que je pense que le combat est ailleurs: le pb pour moi n’est pas Google sache tout sur moi, c’est inévitable, le combat est la pédagogie, la formation des masses aux enjeux numériques et à une législation qui murisse. Le plus grand danger aujourd’hui est l’incompétence du législateur. On ne maîtrise plus les données, il faut l’admettre. Il faut donc faire en sorte que ceux qui les ont sachent que s’ils osent s’en servir, il leur en cuira.
Pour le complot Google/MaisonBlanche, j’attends toujours un dossier sérieux la dessus.
#30 par Peter C. Host le août 2, 2011 - 3:39
Nul besoin de complot (je n’ai d’ailleurs pas utilisé ce mot 😉 ) pour se douter que la maison blanche (ou la CIA si on préfère la vision complot) a du fric aussi, et des « options prioritaires » sur données peuvent être prises moyennant finances avec certaines préférences nationales, des deals passés entre la puissance US et la première entreprise d’information qui se trouve être également US. Montesquieux n’avait pu prévoir qu’il y avait (a minima) un quatrième pouvoir « les medias » (dont google), dont la séparation des trois autres, si elle n’est pas formalisée (ce qui n’est le cas ni de Google ni de Libé) est potentiellement dangereuse. Et puis on parle quand même du pays qui maintient Guatanamo, ou dont les soldats pris en flag de violation de la convention de Genêve ne sont pas inquiétés. et propose d’extradier un australien sans charge valable contre lui.
Ma confiance a des limites, c’est tout 😉
Et oui, ta conclusion est un excellent condensé de ce qui me pose problème. Je n’aurais pu mieux le dire.
Un ptit exemple pour finir, les TOS google spécifient « you give Google a perpetual, irrevocable, worldwide, royalty-free, and non-exclusive license to reproduce, adapt, modify, translate, publish, publicly perform, publicly display and distribute any Content which you submit, post or display on or through, the Services » (http://t.co/udaYo4s).
Moi, j’aime beaucoup :))
#31 par Quentin le août 1, 2011 - 10:47
Celons moi internet ne permet pas d’être anonyme. D’une manière ou d’une autre on laisse forcement quelques trace
#32 par milli le août 2, 2011 - 11:41
« le pb pour moi n’est pas Google sache tout sur moi, c’est inévitable »
Utiliser Google n’est pas inévitable, c’est un choix de facilité. En utilisant des moteurs de recherche décentralisés, comme le projet Yacy, ou d’autres, en rajoutant des chiffrements entre les pairs, il devient impossible d’obtenir ne serait-ce qu’une partie de la liste des recherches d’une personne sans utiliser des moyens importants.
#33 par jcfrog le août 2, 2011 - 12:22
99,9% des humains ont besoin de plateformes simples et centralisées.
Les projets décentralisés n’ont à mon avis aucun avenir en dehors de certaines niches.
Ou en est diaspora? 🙂
#34 par milli le août 2, 2011 - 7:18
Je ne pense pas que les programmes centralisés comme MSN soient plus simples que celles décentralisés comme Skype. On trouve d’ailleurs pas mal de néophyte utilisant l’un ou l’autre.
Ensuite, mettre en place un moteur de recherche décentralisé n’est pas forcément très compliqué même si aujourd’hui il faut être geek pour y arriver. Dans le futur ça pourrait être vraiment simple.
Le principal problème est, de façon générale quelle est la valeur que les gens accordent à leur anonymat et à leurs principes. Dit autrement quel coût en temps ou en réflexion sont ils prêt à payer pour les protéger.
J’ai pour ma part l’impression que quelque soit les nuisances des CGU et le passif d’une société commerciale, les internautes utiliseront la solution de cette société si elle est plus simple que les autres qui ne nuisent pas à leur vie privée ou à leurs principes. Et je pense à peine exagérer.
PS : Si on a confiance dans le respect de leurs CGU, on peut toujours utiliser https://eu.ixquick.com
PPS : Pour diaspora, je ne sais pas, je ne suis pas les réseaux sociaux.
PPS : Sinon je ne vois pas la fin de mon commentaire, un bug ?
#35 par Otyugh le août 2, 2011 - 7:30
Moi j’utilise seeks.fr
Et quant à toi JCgrenouille, je pense tante que tu choisisse la facilité « comme tout le monde » mais il y a un grand problème de communication. Décentralisé ne veut pas dire complexe ou déficient. J’ai peur qu’on ne mette trop de valeur dans une marque alors que c’est plutôt son absence qui devrait attirer les gens. Il me semble pourtant évident que si tout le monde tournait sur firefox ou sur le système GNU celui-ci dépasserait très vite la qualité de ce qu’on connaît ailleurs. Le monde attirera les développeurs, et ainsi de suite.
J’ai l’impression que les c’est le même principe que pour l’énergie ; on tape et investit dans le nucléaire en france, targuant que c’est le plus efficace, et on omet totalement de s’investir un tant soit peu dans le durable sous prétexte que ça serait moins efficace. Ce qui est vrai, vu que la majorité est convaincue. Donc on y investit rien. Donc ça n’avance pas. Donc on a aucune idée de son réel potentiel, vu qu’il n’y a qu’une minorité pour s’y impliquer.
#36 par Otyugh le août 2, 2011 - 7:31
(c’est infernal le coup des décalages des colonnes T_T (j’ai oublié un « pas » dans ma première phrase))
#37 par Pierre Lhoste le août 4, 2011 - 12:43
Pour être précis : toute plateforme qui désire garantir l’intégrité d’une information a intérêt à être centralisée au niveau de son exercice de contrôle, car cela diminue les coûts d’administration (de cette garantie d’intégrité), et renforce la puissance de l’organisme. La question est ‘centralisée où ça ?’, ‘centralisée par qui ?’. Pour l’instant je préfère confier mes mails importants à OVH, dont je connais (et surveille) l’éthique, et mon compte perso seulement, à google.
Aussi : google est tout sauf centralisé : google est le plus grand utilisateur au monde de technologies décentralisées. Les machines virtuelles qui hébergent leurs serveurs de requêtes tournent même en temps réèl tout autour de la planète en suivant (grosso modo) le soleil. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais toutes les bases de données connues sous le terme NoSQL (famille ‘BASE’ pour être précis, à l’opposé de Mysql, oracle,… qui sont de la famille ‘ACID’) comme Cassandra (Facebook), Hadoop (Google), Dynamo (Amazon), Couchdb, Riak, MongoDB, Redis, etc… qui sont le coeur de firmes comme google, twitter, Facebook, Akamaï, Dropbox… sont archi-décentralisées, pour limiter entre autres le problème des ‘single point of failure’. Ces techno existent, et fonctionnent si bien que les plus gros n’utilisent (presque) que cela.
Le problème est qui a ‘autorité’ à centraliser l’exploitation/surveillance/garantie de données hébergées. Pour l’instant, l’état de fait est que c’est l’affaire de multinationales. Mais pourquoi pas l’ONU, par exemple ?
#38 par jcfrog le août 4, 2011 - 2:43
je ne connais pas bien toutes ces merveilles technologiques, ça m’intéresserait bien.
ok, mais tu parles là d’architecture, pour moi Google est centralisé au sens de la propriété. Quand Dispora vend son projet de serveurs distribués (si j’ai bien compris) c’est pour que les serveurs diaspora de chacun communiquent ensemble mais chacun reste maître chez soi.
Chez Google ou Facebook, il n’y a qu’un seul maître. Et ça a aussi des avantages.
#39 par Pierre Lhoste le août 4, 2011 - 5:19
j’vais faire hyper court à cause de compression spatio-temporelle. OUI : tout à fait, ça a des avantages.
#40 par Otyugh le août 2, 2011 - 11:43
Ce n’est pas vraiment la même entre « pouvoir être demasqué par des traces », et « donner directement son identité ». L’un prendra au moins des minutes, voir des heures, l’autre non. A grande échelle, ça pose problème, et c’est ainsi que l’anonymat existe toujours, non ?
Puis accéder à internet via un réseau TOR, c’est à la porté de tout le monde aujourd’hui, non ?
#41 par jcfrog le août 2, 2011 - 12:16
je te laisse expliquer ça à ma maman 🙂
#42 par Hélène B. le août 8, 2011 - 6:15
Sauf que…
Je suis prof, j’ai un petit blog (enfin, j’avais un blog, mais il est moribond) où je parlais surtout d’une activité personnelle (rien d’interdit aux mineurs) et où je partageais des photos et quelques avec ma famille. Si je dois donner mon nom complet, qui va aller aussi lire mon blog ? Mes élèves, et je n’en ai pas du tout envie.
Pour le reste, je rejoins totalement ce que vous dites : l’anonymat permet de proférer des choses inadmissibles.
#43 par Otyugh le août 9, 2011 - 1:49
Je ne vois pas en quoi l’anonymat permet de dire l’inadmissible. Ce qui est inadmissible, c’est de laisser croupir des idées dangereuses. Plus elles seront ruminées en solitaire et dans la peur des représailles, elle ne pourra qu’être source de danger pour la société. Certes ça arrange les psy, mais pas le citoyen lambda. Il faut s’exprimer, et laisser exprimer. Le tabou n’a jamais amené à rien de bon, historiquement. C’est parce que nous sommes tous un peu intolérant qu’on a besoin d’anonymat. Je pense que la personne qui pense « j’aime windows » préfèrera le faire anonymement, et cela évitera qu’il rumine l’idée au point d’en faire une secte fermée.
Quant à Google+ et Google, donnez des informations à l’entité la plus proche de Big Brother en vous targuant croire pouvoir « faire sans » un jour. Je n’y crois pas vraiment. Si Google disparaissait demain, peu seraient ceux qui sachent « où aller ». Je suis prêt à parier que 2/3 des internautes pensent que Google « est » la fenêtre qui permet d’accéder au net. Pas un banal moteur de recherche affublé des trouzmiles fonctions associées.
Dans cette optique, imaginons qu’on apprenne demain que Google vend à outrance vos données aux particuliers, à des mafias, et qu’en sais-je… On ne s’en passera pas. La majorité ne sait pas comment ! C’est comme windows ou mac. Ceux qui sont tombés dedans petit ont, très souvent, « attaché par l’habitude », et ils ne changeront jamais, sauf s’ils sont contraints. Je ne parle pas de « vous » (ici, c’est a minima technophile), mais la majorité pense ainsi, d’expérience.